Autour du lac Atitlan, les activités abondent. Les villages des environs méritent tous une visite ne serait-ce que pour constater leurs différences. Plusieurs randonnées en nature sont à faire, on peut aussi visiter des fincas de café, on peut y suivre des cours d’espagnol, des cours de cuisine guatémaltèque, des ateliers sur les techniques de tissage traditionnelles. Certaines villes plus éloignées, comme Chichicastenango, sont aussi facilement accessibles en une journée avec un aller-retour en collectivo. Pour nous, ça faisait de San Pedro, la place idéale pour poser nos sacs à dos et explorer la région.
Après deux jours à San Pedro la Laguna, après notre longue matinée sur la Nariz del Indio, on a commencé à mettre en doute le reste de notre plan de voyage.
Si on veut avoir le temps d’aller à Livingston, faudrait qu’on parte demain…
Ouain, je suis pas prêt à partir moi. Ça aurait été cool de suivre un cours de cuisine!
Moi non plus. On n’est même pas allé voir Maximón!
Peut-être qu’on pourrait rester ici une journée de plus pis au lieu d’aller à Livingston, on ira à Monterico. C’est bien moins loin…
Ouain, ou au lieu d’aller à Monterico, on restera ici… c’est encore moins loin. On visitera un peu mieux la région.
C’est comme ça qu’on est finalement resté accroché à San Pedro la Laguna. On a pas eu le temps de faire tout ce qu’on voulait. Nos deux jours prévus là-bas se sont finalement étirés sur cinq jours. Tranquillement, on s’était fait à l’idée qu’on allait revenir au Guatemala… aussi bien prendre notre temps autour du lac Atitlan!
Lake Atitlan Women Weavers Coop
J’ai visité toute sorte d’endroits, pour toute sorte de raisons. Parfois pour leur architecture, parfois pour l’histoire, parfois pour la cuisine, parfois pour assister à un événement en particulier… Et bien le Guatemala, j’aurais pu aller le visiter juste pour admirer leurs vêtements tellement ils sont beaux. On retrouve, dans différentes régions, différents styles de tissages, différents motifs, différentes couleurs, différents styles de «chapeaux» ou coiffures. Ce sont surtout les femmes portent les habits traditionnels, mais lorsqu’on s’éloigne en région, sur le pourtour du lac Atitlan, on croise aussi des hommes vêtus fièrement à la mode locale.

La tradition du tissage a toujours été très importante dans les communautés mayas. Les techniques et leur savoir-faire s’appuient sur des centaines, voir des milliers d’années d’expérience transmises de mères en filles. Au Lake Atitlan Women Weavers Coop, elles font tout de A à Z. Elles prennent le coton brut et le transforment en fil. Elles font leurs teintures avec les plantes, les fleurs et les fruits de leur région, puis elles teignent leur fils qu’elles laissent sécher au soleil, puis elles le tissent… Les méthodes sont rudimentaires et les ingrédients entièrement fournis par la nature. On pourrait s’attendre à un résultat vraiment très rustique, mais c’est tout le contraire. Les tissus sont multicolores, et ils sont brodés de motifs de toute sorte. C’est un savoir-faire absolument incroyable.
Aujourd’hui, les traditions se perdent. Alors qu’avant, la majorité des jeunes filles apprenaient les techniques traditionnelles de tissage, aujourd’hui seulement une sur quatre apprendra à tisser. Évidemment, les parents préfèrent que leurs enfants apprennent des métiers plus prometteurs, qui leur ouvriront plus de portes. Mais avec la perte de cette activité-là, vient aussi une perte de la culture. Alors que l’apprentissage du tissage se fait de mères en filles dans les dialectes locaux, les écoles elles, sont toutes en espagnol. Donc tranquillement, avec le tissage, se perdent aussi les langues locales. Bien sûr, on ne peut pas être contre de développement et le progrès… mais on peut quand même se questionner sur nos vraies richesses. L’art du tissage est une richesse pour le Guatemala, ce serait dommage que ça se perde.

Donc pour en revenir au Lake Atitlan Women Weaver Coop, c’est une coopérative créée par une femme de San Pedro. La coop supporte les femmes en leur fournissant une visibilité et une plateforme de commercialisation pour leurs produits, sans quoi elles devraient vendre leurs produits à la pièce dans les marchés publics. La Coop présente aussi des ateliers pour tenter de faire connaitre leur travail et leurs techniques et elles partagent leur savoir avec celles qui veulent apprendre. Sur chaque achat, 75% vont directement dans la poche de la personne qui a fabriqué le produit. Si tu veux t’assurer de faire un achat équitable, c’est la bonne place.
Ixiim Cooking School

Parmi les souvenirs de voyage que je ramène, les recettes sont ce que je préfère. C’est comme revenir à la maison avec un petit morceau de culture. C’est mieux que n’importe quelle bébelle qui va ramasser la poussière dans la maison. En plus, ça se partage. Quand on est arrivé à San Pedro, on a tout de suite remarqué quelques «écoles» qui offraient des cours de cuisine guatémaltèque traditionnelle.
Une journée, alors qu’on marchait vers le quai pour aller prendre un bateau qui nous amènerait à Santiago, on est passé devant l’enseigne du Ixiim Cooking School qui annonçait des cours de cuisine. «Just comme in!» que ça disait.
As-tu vu ça? Y donnent des cours de cuisine ici… Ça dit tout les jours à 11am et 4pm.
Y’est quelle heure là?
15h45…
On va-tu voir?
Je vous ai dit qu’on voyageait freestyle ? On ne sait jamais ce qui va nous arriver. On ne s’est pas rendu à Santiago ce jour-là…
En entrant dans le jardin du Ixiim Cooking School, on est littéralement déjà dans la cuisine. Le comptoir est dehors. La cuisson se fait sur un feu juste à côté. L’endroit a l’air d’un petit paradis, avec son citronnier géant qui nous donne un peu d’ombre. On a tout de suite été accueillis par Angela et Ines. Angela est une des propriétaires. Elle est espagnole. Ines est Guatémaltèque. C’est elle qui donne les cours. On était seul, mais elles nous ont offert de faire le cours quand même… C’était la situation idéale. On aurait une professeure de cuisine juste pour nous! Si on n’était pas arrivé, il n’y aurait pas eu de cours ce jour-là.
Ines nous a donc guidés, étape par étape, pour préparer un pepián au poulet. Le pepián c’est un espèce de stew avec entre autres de la courge, des tomates et des piments. C’est un plat qui se prépare habituellement pour les jours de fête. C’est absolument délicieux. Ils le servent toujours avec un riz teinté orange typique du Guatemala. On apprendra qu’ils le teintent simplement avec une carotte râpée.
Bien entendu, on a aussi fait des tortillas. On a commencé notre préparation à partir des grains de maïs entiers qu’on a moulus nous même, puis tapé à la main, un par un. Les tortillas, c’est vraiment la base de n’importe quel plat guatémaltèque. Les tortillas guatémaltèques ne sont pas comme les tortillas mexicaines. Ils sont plus épais, plus fluffy. Ils en mangent matin, midi et soir. Ça ne coute presque rien à produire. Ça prend juste du maïs pis de l’eau. Pis ça bourre. C’est le travail des femmes de produire les tortillas. Demande-moi pas pourquoi. C’est comme ça. Alors beaucoup d’entre elles se lèvent chaque jour, vers les 4h du matin, pour batcher les tortillas pour la famille. Après nous avoir expliqué la technique, à genoux par terre à côté du mortier, Ines me tend le gros pilon en pierre en disant:
Queres probar?
Bien sûr!
J’ai réalisé ce jour-là tout le travail que ça prenait pour produire une batch de tortillas pour deux personnes, pour un seul repas à partir d’une poignée de grains de maïs. Après 5 minutes j’avais les bras en feu et j’étais encore loin du but.
Pour compléter notre menu, on a appris à préparer des rellenos. Les rellenos, ce sont des boules de banane plantain qu’on farcit avec des frijoles (des beans noires) et du chocolat. Elles sont ensuite frites. C’est un dessert typique!
On a terminé ça avec un souper en tête à tête au milieu du jardin. Un délice!




Santiago et Maximón
Santiago est la deuxième plus grosse ville autour du lac Atitlan. Sa principale curiosité est sans contre dit leur idole locale: Maximón. Maximón est en fait un curieux mélange de croyance maya et catholique. Avec son masque, son chapeau, son cigare, sa bouteille de quetzalteco et ses dizaines de cravates, il trône au milieu d’une maison privée. Une fois par année, on le change de place dans une grande procession et on l’installe dans une nouvelle famille d’accueil. Et durant un an, cette famille voit défiler chez elle toute la ville qui vient demander des faveurs à Maximón en lui offrant quelques offrandes, et tous les touristes de la région qui paieront 2 quetzales pour poser leurs yeux sur cette étrangeté.
En prenant une bière devant une petite tienda près du quai de Santiago, le commerçant est venu nous jaser. Ce qu’il avait à dire à propos de Maximón était fascinant. Il nous a raconté la fois que sa femme voulait pu… On n’entrera pas dans les détails, elle voulait juste pu… Mais Maximon a le pouvoir de raccommoder les couples, et tout ça était censé s’arranger avec 3 cérémonies devant le pantin, avec un shaman, des offrandes pis toute la patente. Bien croyez le où non, après trois cérémonies, la madame ne voulait toujours pas. Finalement, ils ont du se séparer parce que quand t’as fait les trois cérémonies pis que ton projet marche toujours pas, y’a pu rien à faire. T’as tout fait ce que tu pouvais… Mais après coup, notre gentil monsieur reste sceptique. Il refuse toujours de croire que Maximón n’a pas fonctionné. En fait, il pense que si ça n’a pas fonctionné, ça ne peut être que pour une seule raison: il y a un faux Maximón en ville!
En algún lugar por aya qu’il nous dit en nous pointant une direction quelconque.
Donc voilà: le principal défi quand tu vas à Santiago consiste à trouver Maximón, mais vous allez voir, c’est assez facile. Les chauffeurs de tuk-tuk peuvent vous guider, mais attendez-vous à finir le chemin à pied dans la plus petite ruelle que vous ayez vu dans votre vie. Notre tuk-tuk nous a déposés devant une rue bloquée par un pick-up:
No podemos continuar en tuk-tuk amigos. Es por aya, à la izquierda.
Quessé qu’il dit?
C’est par là, à gauche, viens t’en!
Après avoir passé deux fois devant la ruelle sans même la remarquer tellement elle était petite, on a fini par la trouver…
Shiiiiit! Penses-tu vraiment que c’est là?
En arrivant au bout de la ruelle, la porte d’une maison était ouverte. En jetant un coup d’oeil à l’intérieur, on est tombé directement sur lui. Flanqué de deux gardes du corps, il était là: Maximón!



San Marcos et les néo-hippies
San Marco est un village absolument charmant et tranquille, mais c’est surtout un repère de néo-hippies, de yogis et autre amateurs de trucs spirituels. Toute sorte d’activités de yoga et de méditation y sont organisées. Ça peut paraître étrange de trouver un village comme ça au coeur du Guatemala, mais quand on y pense, les médecines alternatives ont trouvé un terreau fertile avec la culture qui est vraiment très près de la nature.
Beaucoup de commerces à San Marcos semblent être menés par des étrangers. Vous y verrez surtout des gringos aux cheveux long et nu-pieds. Une pancarte au bout du quai nous rappelle d’ailleurs qu’il est interdit de se baigner tout nu, au cas où il vous passerait une bulle dans le cerveau… Il en reste pas moins que le village est vraiment beau et ça vaut la peine de s’y arrêter si vous passez par là. La vue sur le lac et sur le volcan San Pedro est spectaculaire.


San Juan et les processions
San Juan est l’un des villages les plus authentiques que nous ayons visités. Dans ce village on trouve une grande concentration d’artistes peintres. Ici, les enfants sont encouragés à peindre. On trouve des galeries un peu partout. C’est la peinture qui fait la renommée du village. Il n’y a pas grand-chose à faire à San Juan. On y va seulement pour se balader, observer la vie de locaux et faire le tour des galeries.
Pour notre part, on a eu la chance de tomber sur la toute première procession religieuse au début du carême. À ce moment-là, c’est une toute petite procession circulait sur toutes les rues secondaires du village, ces petites rues sur lesquels ne circulent pas les principales processions qui se dérouleront au cours des semaines à venir, jusqu’à Pâques. De cette façon-là, ils s’assurent que chaque rue de la ville est bénie au moins une fois chaque année.




Chichicastenango et son marché
Chichicastenango ne se trouve pas dans le secteur du lac Atitlan, mais la ville est accessible via 2h de route à partir de San Pedro. On va à Chichi surtout pour son marché public qui est réputé pour être l’un de plus coloré du monde. Chichi a longtemps été le centre commercial le plus important de tout le pays maya. La ville se trouve en terre Quiché, mais on y retrouve des représentants de toutes les autres ethnies mayas: les Tz’utujils, les Kackchiquels, les Ixils, les Mams, name it! On trouve donc une variété d’artisanats et des tissages spécifiques à ces populations là, mais on trouve aussi des vêtements modernes, des DVD piratés, des outils, des produits de médecine naturelle ou moderne… Le marché se déroule tous les jeudis et dimanches.
Les amateurs de magasinage vont adorer… Nous on a trouvé le trajet un peu long pour aller acheter des trucs qu’on aurait trouvés ailleurs. Ça reste un marché où il est agréable de déambuler, entre les étals de légume et ceux de tissus, entre les poulets vivants et ceux qui sont frits. Dans un marché, le secteur où on sert de la nourriture est toujours des plus intéressant. Il ne faut pas rater l’occasion de s’assoir quelque part juste pour le plaisir de jaser avec les locaux et de regarder la vie du marché de dérouler devant nous.



Adios
Bref, heureusement que nous sommes restés plus longtemps que prévu au Lac Atitlan, parce que, en fait, il y a encore beaucoup à découvrir et on commençait seulement à s’imprégner de la culture locale.
On reviendra assurément au Guatemala et on reviendra assurément au Lac Atitlan! En attendant, on vous laisse sur une galerie de photo prises autour du lac Atitlan.
Vraiment super intéressant!!!!
J’ai eu la même pensée que Anne Gosselin.
Vous lire et regarder vos magnifiques photos, m’a fait passer de très
beaux moments.
Vous devriez monter un livre avec tous vos récits de voyages. C’est tellement agréable de vous lire et de voir les magnifiques photos.
Hihihi. merci. Peut être un jour! Pour le moment, c’était plus facile et moins couteux de construire un blogue 😉
Je trouve votre récit formidable.
Vos propos et photos me touchent et m’émerveillent .
Merci
🙂
Hé,, merci! Vous m’avez permis de faire une très belle balade.
Très heureux de pouvoir vous emmener en voyage! Bienvenue dans nos valises!