On était à peine revenu de notre premier voyage à Cuba que mon ami Yurdey me parlait déjà du prochain. «Tu vas voir, Holguin c’est vraiment beau» qu’il me disait. Comme si j’allais encore une fois partir avec lui.
Vous savez, moi les voyages de groupe, ça ne m’a jamais particulièrement attiré. Je suis plus du type solitaire. J’ai l’habitude de voyager seul ou à deux. J’y vais à mon rythme et j’organise tout moi-même, j’aime me perdre, goûter à tout. Avant cette année, je n’avais encore jamais mis les pieds dans un tout inclus. J’ai toujours pensé que de me mêler aux gens de la place était la meilleure façon d’avoir un vrai contact avec une autre culture.
Avec mon dernier voyage à Cuba, j’ai connu quelque chose de différent… Le fait d’être accompagné par un Cubain et d’être là pour apprendre une langue m’a ouvert plein de portes auxquelles je n’aurais pas eu accès autrement, et ce, malgré le fait que je n’avais rien organisé par moi même, que je logeais dans un tout inclus et que je visitais le pays en compagnie d’un groupe de 8 personnes.
Alors quand Yurdey m’a invité à nouveau à me joindre, en tant que photographe, au prochain voyage d’immersion en espagnol qu’il était en train d’organiser en collaboration avec La Escuelita pour un groupe de 13 personnes, le voyageur solitaire au fond de moi avait véritablement une grosse crainte face à l’idée de partir avec autant de monde… Mais en même temps, je savais que c’était une occasion à ne pas rater, une porte ouverte sur la vraie Cuba.
La région d’Holguin
Quand je suis revenu de Cuba, j’avais toute la volonté du monde d’écrire cet article. Je venais de passer une semaine extraordinaire. Pourtant, j’ai dû prendre quelques jours pour réfléchir à ce que j’avais à dire et mettre le doigt sur ce que j’avais tant aimé.
Holguin est belle, c’est vrai. Elle est verte et propre. Elle est entourée de terres vallonneuses. Les holguineros ont d’ailleurs leur Mont-Royal à eux avec la Loma de la Cruz, une petite montagne que l’on peut gravir dans le nord de la ville. La vue y est magnifique. Les plages de sa région sont superbes. Christophe Colomb lui-même aurait dit, en débarquant dans la région de Holguin, que c’était probablement la plus belle terre qui avait été vue par l’homme.


Pourtant, rien de tout ça ne va vraiment rester dans mes souvenirs… Je ne pourrais pas écrire un article sur Holguin. Je ne saurais pas trop quoi dire. Je ne pourrais même pas nommer une seule rue. Je ne pourrais pas partager mon carnet d’adresses comme j’ai l’habitude de le faire. Mes photos de la ville sont ordinaires. Holguin, avec ses constructions modernes qui se superposent aux constructions coloniales, est loin d’être photogénique comme La Havane. Alors c’était quoi? Qu’est ce que j’avais tant aimé?
Les rencontres
C’est définitivement toutes les rencontres que j’ai faites qui ont été le clou de mon voyage. Mon ami Yurdey a un talent particulier. Il entre en contact avec n’importe qui, n’importe quand. Il est capable de trouver quelqu’un pour nous guider à travers Holguin sur le bord de la route, pendant que son taxi est en panne… Il entre en contact avec des inconnus avant même que je sois débarqué du char. Tu vois le genre?

Des fois, après l’avoir vu discuter et serrer chaleureusement la main de quelqu’un, je lui demande:
Moi: C’est un ami à toi?
Yurdey: Non, j’le connais pas.
Alors c’est pas surprenant qu’en une semaine, on rencontre un paquet de monde à qui je n’aurais jamais parlé autrement… On entre chez des familles, chez un santero, dans des écoles… Ce sont les souvenirs de ces rencontres-là que je garde précieusement. Ce sont ces rencontres-là qui m’ont fait pleurer, rire et danser.

Pleurer
Y’a plein de choses à Cuba qui feraient pleurer n’importe qui de moindrement humain. Du moment que tu sors des circuits touristiques, et que tu te rends dans des endroits où l’argent des touristes ne se rend pas, tu es confronté à des situations de pauvreté extrême.
Quand nous sommes passés par Yaguajay, j’ai vu une mère pousser son enfant vers moi pour l’envoyer à la quête. J’ai vu des gens se ruer vers Caroline qui avait pensé à amener les vêtements trop petits de ses enfants. J’ai vu Yurdey sortir le dernier 5$ de ses poches et le donner à une dame devant lui et dire à la dizaine d’autres personnes qui tournaient autour de lui: «C’est le dernier, je ne peux pas le séparer et en donner à tout le monde. Essayer de le partager entre vous».
Habituellement, j’ai le réflexe de prendre des photos de tout. D’ailleurs, j’étais là spécialement pour ça. Mais devant une situation comme ça, j’y ai même pas pensé. J’ai remis mes lunettes fumées pis je suis allé brailler dans le char.
Rire
J’ai ri à en avoir mal aux côtes durant ce voyage… à tous les jours. Après une journée ou deux, la glace était brisée et le groupe de 12 inconnus que j’accompagnais s’est transformé en groupe d’amis.
Notre guide Carlos, nos chauffeurs Pedro, Nieve et Leo qui nous ont accompagnés presque toute la semaine, se sont ouverts un peu plus chaque jour. Nieve s’est avéré être un véritable bouffon. J’aurais été prêt à passer mes journées dans le char tellement on a eu du fun.

Et que dire des jokes cubaines? Eh boy. Je ne les traduirai pas, mais je vous encourage à apprendre un brin d’espagnol et à rencontrer quelques amis cubains pour vous les raconter.

Danser
Il y a une phrase de Samuel Beckett que j’ai toujours trouvée belle:
Quand on est dans la merde jusqu’au coup, il ne reste plus qu’à chanter.
Et bien à Cuba, ils appliquent cette maxime-là au pied de la lettre, mais au lieu de chanter, ils dansent. Et ils dansent beaucoup. Et c’est contagieux…
Notre semaine s’est terminée avec un méchoui chez Sandy, un fermier de la région. Yurdey avait pensé à apporter quelques bières et à inviter un musicien. Ça en prenait pas plus pour partir le bal. Je pense pas que c’était possible de rester assis. Même le père de Sandy (assis au centre dans la photo ci-dessous), un monsieur frêle, unijambiste, avec pas de dent et pu d’âge, a dansé. C’est bien pour dire.

Alors, qu’est ce que je vais retenir de mon voyage à Holguin?
Je vais retenir des noms. Je vais retenir Carlos, Nieve, Victor, Pedro, Léo, Sandy, Chino… Je vais certainement me souvenir de chacune des 12 personnes avec qui j’ai voyagé et que j’ai appris à connaitre durant cette semaine-là. Je reviens une fois de plus avec le sentiment que je suis vraiment privilégié de me retrouver dans des situations comme ça (merci, Yurdey!). Et une fois de plus, un voyage comme celui-là ça réajuste ma perspective: je ne suis pas riche… mais un peu quand même.
On termine ça avec une vidéo et quelques photos?















Envie de voir plus de photo?
Tes photos sont superbes ! Celle de toi dans l’auto rouge est magnifique.
Merci de partager.
Heheh. Merci à Yurdey pour cette photo là 🙂
Je suis vraiment pas un gars de char. Je connais rien là dedans… Mais celui là était tellement beau que j’ai pas pu m’empêcher de demander si je pouvais m’assoir dedans 😀
Excellent! Touchant! inspirant!
Magnifiques photos
Émotions de ce coté-ci de l’écran
<3
Merci 🙂
Aan mijn buurman die ieder jaar met Kerstmis zijn dak versierd met afschuwelijke lichten, gigantische opblaasbare sneeuwmannen, naar boven klimmende kerstmannen en nog meer van die prachtige creaties:Moge alle rendieren van de kerstman dit jaar het lopend schijt krijgen boven uw dak.