La Havane est un incontournable si vous visitez Cuba. En fait, c’est un incontournable à travers tous les Caraïbes. La ville est chargée d’Histoire, avec un grand H. Elle regorge de lieux culturels, de monuments historiques. L’occupation espagnole a laissé des traces partout, elle a fait naître les plus grands artistes cubains, musiciens, peintres et écrivains. Elle a été adoptée par Ernest Hemingway et elle a vu passer tous les grands penseurs (et les dictateurs) de Cuba. La Havane est une ville mythique qui se trouvait sur ma bucketlist depuis longtemps.

Une visite peu ordinaire

Comme vous le savez, je dispose d’un accès particulier puisque je voyage avec mon ami Yurdey, un Cubain, et son groupe d’étudiant en espagnol. Ma visite a donc commencé dans une garderie… un endroit où je ne serais jamais allé sans lui.

Contrairement à notre visite dans une école de Santa Cruz del Norte, cette fois-ci on nous attendait à bras ouvert… comme quoi on retrouve encore des libres penseurs ici à Cuba. La directrice nous attendait avec quelques enfants, en uniformes, tout bien cordé dans l’entrée, comme des bons soldats. Pour nous mettre dans l’ambiance, on a eu droit en partant à quelques chansons, chantées par les enfants. La scène était absolument fascinante. Une douzaine d’enfants d’environs 5 ans qui chantent des hymnes à la révolution et des hommages aux héros nationaux, le poing levé dans les airs. Avec leurs nounous qui les regardent avec fierté. On est loin de Roboto le robot que je chantais à cet âge-là.

Le reste de la visite n’a pas été moins fascinante. Après les quelques chansons, on a été invité à faire le tour des locaux et à discuter avec le personnel. La première chose qui m’a frappé, c’est que la garderie ne dispose d’à peu près aucun jouet. Rien de rien. C’est bien simple, ils ont juste pas les moyens d’en avoir. Ils en fabriquent donc eux même, en papier mâché en faisant participer les enfants. De voir ça, ça a été comme un énorme coup de pied au cul qui a permis de replacer à la bonne place mes valeurs de Nord-Américain choyé par la vie. Savez-vous quoi ? Je pense qu’on devrait avoir des garderies exactement comme ça chez nous (mis à part les chansons…). Ça ne peut pas faire autrement que d’encourager la créativité et l’imagination. J’ai compris à ce moment-là pourquoi Cuba produit autant d’artistes: moins de iPods, plus de papier mâché et de peinture.

La Havane des touristes

On dit que La Havane est divisée en deux: il y a la nouvelle Havane et la vieille Havane. Moi je la diviserais en trois parce que la vieille Havane pourrait elle-même être divisée en deux : il y a la vraie et celle des touristes. Devinez laquelle j’ai préférée ?

La Havane des touristes, c’est le quartier historique. Évidemment, c’est magnifique. Chaque monument a une histoire et on retrouve un monument ou un édifice important à tous les coins de rue : une cathédrale baroque, une forteresse, la maison de Bacardi, celle de Batista avec le balcon où Fidel a fait son premier discours-fleuve qui aura duré 8h (de quoi tuer d’ennui tous les contestataires, s’il en restait)…  Par contre, dans cette portion de la ville, il faut s’attendre à naviguer dans une mer de touristes. C’est bien beau, mais le vrai pouls des habitants de La Havane se mesure à quelques rues plus loin. Je comparerais ça à visiter le vieux port de Montréal, alors que la vraie vie des Montréalais se passe partout ailleurs sauf là.

La vraie Havane

J’ai préféré de loin les quartiers populaires. Ces rues-là sont plus crasseuses, certes, mais elles regorgent de vie, de couleurs et de sourires. Dans ce secteur, certains bâtiments tiennent à peine debout faute d’avoir les moyens de les entretenir. Les gens écoulent le temps assis sur le pas de leur porte. Ça discute entre voisins. Ça vend de tout et de n’importe quoi pour essayer de gagner quelques pesos de plus que ce que leur maigre salaire leur fournit. Pour mon œil de photographe, c’était comme du bonbon.

Malheureusement, j’ai manqué un peu de temps dans cette portion de la ville… Chose qui arrive quand on voyage avec un groupe. C’est ce qui fait que je vais garder La Havane dans le haut de ma bucketlist. J’y reviendrai certainement.