Après avoir passé trois journées extraordinaires à Antigua, notre prochain arrêt allait être quelque part autour du lac Atitlan. Je dis “quelque part” parce qu’à ce moment-là, rien n’était décidé à l’avance. Nous partions du Chipilapa Guesthouse sans savoir où nous allions passer la prochaine nuit… Freestyle!
La veille de notre départ, nous avions acheté nos billets de bus pour la modique somme de 85 quetzales. Le lendemain un collectivo viendrait nous ramasser à la porte de notre guesthouse et nous amènerait à Panajachel, sur les rives du lac Atitlan. Un trajet estimé à 3h.
Les collectivos
Les collectivos, ce sont les petites minivans qu’on voit partout en Amérique latine. Elles partent lorsqu’elles sont pleines, idéalement à pleine capacité plus un ou deux. Disons que c’est une bonne façon de rencontrer du monde. Souvent utilisé pour les transports des touristes, on peut facilement trouver ou organiser un transport en collectivo. Certaines agences, et certains hôtels s’occupent de booker des transports. Le collectivo fait alors le tour de la ville et s’arrête aux différents hôtels et auberges pour ramasser tout le monde.
Des fois, la tournée de départ peut s’étirer longtemps. À notre arrivée à Guatemala City, on a attendu environ 30 minutes pour embarquer trois gars. Finalement, après avoir fait le tour des guichets automatiques du coin à la course, ils ne trouvaient pas l’argent pour payer leur billet… On est finalement parti sans eux. 30 minutes de plus ou de moins, ça ne change rien. Les collectivos n’ont pas vraiment d’horaire.
Quand tu prends un collectivo, il y a deux façons d’approcher la situation: soit tu espères être embarqué en premier pour avoir la place en avant. C’est en général la seule place confortable avec un peu d’espace pour les pieds, mais en contrepartie ton trajet peut s’étirer de beaucoup… Ou soit tu espères être embarqué à la fin. Ton trajet dure alors un peu moins longtemps, mais en contrepartie, tu seras peut-être assis juste sur une fesse. Les places du milieu c’est pas la gloire non plus: squeezé entre deux personnes, nul part pour t’accoter, impossible de piquer un petit roupillon sans risquer de finir la tête accotée sur l’épaule de quelqu’un que tu connais pas… Enfin, quand tu pars d’Antigua, ça brasse tellement sur les pavés de la ville que tu veux vraiment être ramassé en dernier.
On tombe sur toute sorte de chauffeurs aussi… Certains sont vraiment cools, avec la musique dans le tapis, ils sont super heureux de nous parler et de nous expliquer tout ce qu’on voit. D’autres sont plus expéditifs, autant dans leur service à la clientèle que dans leur conduite…
Ce matin-là, le départ était prévu pour 8h. On espérait donc être ramassé vers 9h. Mais on a été ramassé en premier… Fuck! En plus, le gars a décidé de partir plus tôt, donc à 7h45, quelqu’un varge en sauvage dans la porte. C’est notre charmant chauffeur à qui j’ouvre avec ma brosse à dents dans la bouche.
No estas listo?!!
Je termine à la course en faisant signe à Ariane en sortant.
Go, le bus est déjà là!
Après avoir garroché mon sac sur le toit sans la moindre précaution, le gars se rassoit derrière son volant, prêt à repartir, et me demande sur un ton impatient:
Finalmente estás solo?
Ariane est toujours un peu en retard, là on était en avance…
Ma blonde arrive dans deux secondes. Relaxe.
Le gars roule des yeux, débarque du bus à nouveau en voyant Ariane sortir. Garroche le sac d’Ariane à côté du mien.
Enwaille, vamos!
Enfin, ça reste une des façons les plus économiques pour faire la route entre Antigua et le Lac Atitlan… si on exclut les chicken bus. On en parlera dans un prochain article de ces chicken bus parce que bien sûr, on les a essayés!
Panajachel, notre arrivée au lac Atitlan
Panajachel est l’une des deux villes autour du lac Atitlan à être accessible via le réseau routier. C’est le point d’accès logique lorsqu’on part d’Antigua. Notre collectivo s’est arrêté à quelques dizaines de mètres des quais, dans une cohue extraordinaire. Des dizaines de personnes nous attendaient, tous avec une carte de «guide officiel» autour du cou, en carton plastifié avec les coins décollés… Ça avait l’air de bricolages d’écoliers. Ils essayaient tous de nous vendre l’idée qu’on a besoin d’eux pour trouver ce que l’on cherche, en échange d’un tip bien entendu. Ils étaient tous prêts à nous aider à descendre notre sac du toit du véhicule. Tous sauf notre chauffeur et son air bête.
Amigo! Un hôtel? Un taxi? Una lancha? Amigo! ?! Dame tu mochila amigo.
Non c’est beau man, je m’arrange avec mon sac…
Vous n’avez pas besoin d’eux. Descendez au bord du lac. Demandez pour le quai de la lancha publica. Et voilà !
Les lanchas ce sont ces bateaux sur lequel on peut embarquer un nombre indéfini de personnes… plus un ou deux, ça ne fait pas de différence. Elles font office de collectivos sur le lac. Les départs sont fréquents. On n’a jamais eu à attendre plus de 15 minutes pour un départ. Si vous comptez faire un court trajet, il vous en coutera autour de 10 quetzales. Si vous voulez traverser le lac au complet on doit prévoir autour de 25 quetzales. Faut juste faire attention de partir dans le bon sens… le lac est grand.
Tout autour du lac, une route fait le tour pour relier les villages, mais elle est réputée dangereuse à certains endroits. De toute façon, une fois que tu as fait l’aller-retour entre deux villages en tuk-tuk au travers des nids-de-poule et les éboulis, tu fais vite le constat: pour le même prix, la ride est toujours plus smooth en bateau…
Le lac Atitlan
Le lac Atitlan est assurément parmi les plus beaux lacs que j’ai vus. Située à 1500m d’altitude, et entourée de montagnes qui dépassent les 3000m, son eau parait bleue comme le ciel. Avec les volcans San Pedro, Tolimán et Atitlán qui l’entourent, il est absolument spectaculaire.
Le lac s’étend sur environ 18km par 8km (merci wiki). On retrouve une dizaine de villes ou villages situés tout autour. Ce qu’il y a de particulier, c’est que ces villages-là ont vraiment tous préservé une part importante de leur culture et de leurs traditions bien distinctes les unes des autres. Trois villages ont le tz’utujil comme langue première. Les autres parlent kackchiquel. L’espagnol arrive en 2e pour presque tout le monde. Chaque village a ses propres particularités vestimentaires, ses propres traditions, et même parfois ses propres croyances.
Le côté triste c’est que le lac est véritablement en danger. Par manque de moyens, les municipalités situées autour du lac n’arrivent pas à traiter les eaux usées, les déchets et l’écoulement des pesticides correctement. C’est donc le lac qui écope. Aujourd’hui, les poissons se font de plus en plus rares, les pêcheurs ont de plus en plus de mal à vendre leurs prises parce que les gens ont commencé à se méfier. Le lac est paradisiaque, mais pourtant, on n’a vu personne se baigner… sauf pour se laver, ou pour faire une brassée de lavage. Tsé quand t’as pas le choix?
Le lac a aussi la particularité de ne pas avoir d’issues. C’est un lac endoréique (vas-y, gâte-toi pis google ça). En gros, ça veut dire que l’eau qui y entre n’a aucune autre issue que l’évaporation naturelle. Donc le niveau de l’eau repose sur un équilibre fragile et, bien entendu, ça n’aide pas au problème de pollution. Une légende maya veut que le niveau de l’eau du lac augmente et descende sur un cycle de 52 ans, et c’est à peu près ce qui se produit en réalité. Selon les anciens, on est actuellement dans une période d’augmentation du niveau de l’eau. Il y a encore une dizaine d’années, le niveau d’eau était très bas et ne semblait plus vouloir remonter. Des gens se sont alors construits sur les nouveaux terrains disponibles, malgré la mise en garde des anciens qui eux se voyaient encore dans le cycle d’augmentation du niveau d’eau. Finalement, il y a quelques années, le niveau d’eau a augmenté rapidement et le lac a repris sa place. On retrouve donc un peu partout autour du lac, des maisons abandonnées, complètement inondées. Des routes sont disparues. Les changements vont tellement vite que même Google à du mal à suivre. Le chemin qui longeait le bord du lac à San Pedro a l’ouest du quai de Santiago n’existe plus.
Mais où aller?
Une fois rendu à Panajachel, il fallait décider d’un endroit où on s’installerait pour quelques jours, le temps d’explorer la région. Certains voyagent avec des itinéraires précis. Nous, pas tellement…
On pourrait juste s’arrêter à Panajachel, pis on visitera les autres villages en lancha?
Shit non. As-tu vu ça tantôt en débarquant du bus? Une vraie trappe à touriste. C’est pas pour rien qu’ils appellent ça Gringotenango. Qu’est ce que tu dirais de San Marcos?
Eh boy, pas sur. Ça a l’air bien trop new age pour nous ça. San Juan peut-être? C’est un des plus petits villages. Un des moins touristiques.
Penses-tu qu’on va trouver une place pour dormir à San Juan ce soir?… J’te rappelle qu’on n’a rien réservé, pis San Juan ça a l’air de rien.
Y’a San Pedro juste à côté. Parait que c’est cool San Pedro…
…
Quand la lancha est arrivé, le capitaine a demandé où on allait.
Vamos a San Pedro!
San Pedro la Laguna
San Pedro la Laguna est une petite ville d’un peu moins de 10 000 habitants. C’est l’une des trois municipalités autour du lac où l’on parle tz’utujil. On l’a choisie parce que c’est une petite ville qui était assez grosse pour qu’on puisse espérer y trouver de l’hébergement facilement. La ville est assez grosse pour avoir son propre marché, son stade, ses restos, on y compte quelques écoles d’espagnol et même quelques écoles de cuisine traditionnelle. Bien qu’elle ait un centre touristique assez bien établi, elle est assez grande pour qu’on y retrouve des secteurs bien authentiques. Elle est suffisamment grosse pour être animée, mais elle reste assez petite pour pouvoir être traversée à pied… Un juste milieu quoi.
En arrivant à San Pedro, je t’avoue que c’était pas l’authenticité à laquelle je m’attendais. Le quai principale se situe directement sur le coin de rue le plus touristique, bordé de commerces, de restos et d’hôtel dont beaucoup de propriétaires sont étrangers. On dit qu’à une certaine époque, à partir des années ‘60 la ville est devenue un repère pour les routiers hippies baba cool… Visiblement, certains se sont enracinés là.
C’est en s’éloignant, en montant la côte et en allant se perdre dans les dédales de petites rues étroites, qu’on se retrouve alors dans le vrai San Pedro. L’atmosphère de la ville inspire la farinente. Il fait bon y déambuler. On aime aller se promener autour de son marché et se perdre dans ses dédales de petites rues, sur lesquels on a un aperçu de la vie quotidienne des Guatémaltèques. Parfois les rues sont si étroites qu’on peut toucher en même temps les bâtiments sur les deux côtés de la rue. Mais attention, les rues ne sont pas piétonnes. Bien que les voitures soient rares, on partage tout de même les rues avec les motos, les tuk-tuks et les bus… la règle c’est : pourvu que ça passe.
Les soirs, sur certains coins de rue, les gens se réunissent autour des stands de nourriture. Grillades, tacos, pupusas… On a l’embarras du choix et en général on mange comme des rois… assis sur une bûche ou un petit tabouret de plastique et entouré de tout les chiens du quartier.
Voici nos meilleures adresses à San Pedro
Vous ne trouverez pas toujours de véritables adresses autour du lac Atitlan. Les rues ne portent parfois pas de nom, ou enfin, ça peut être difficile de le trouver. Les rues et ruelles de San Pedro peuvent être un véritable dédale. On va donc expliquer grossièrement la position des endroits dont on vous parle. Vous les trouverez bien en cherchant un peu.
Hotel Mikaso
4 callejon A, I-82, Zona 2, Canton Chuacante, San Pedro La Laguna, Guatemala, 07018
On avait noté quelques adresses d’hôtels dans notre Routard… Notre plan, en arrivant à San Pedro était donc d’accrocher un tuk-tuk en débarquant du bateau, et de se rendre à l’adresse qui nous inspire le plus et de voir rendu là. Cette adresse qui nous inspirait le plus c’était celle de l’Hôtel Mikaso. Sans vraiment le savoir, on venir de choisir un hôtel opéré par des Québécois.
À première vue, l’hôtel est un petit paradis. Il est situé directement sur le bord de l’eau, du côté tranquille de la ville, pas très loin du quai pour aller à Santiago. Il est en plus situé en retrait de la rue. Pour s’y rendre, on doit faire les derniers 100m à pied sur un petit trottoir qui traverse des jardins où les voisins cultivent des légumes. L’hôtel propose un petit restaurant. Une terrasse se trouve sur le toit avec deux spas, et vue imprenable sur le volcan San Pedro et le lac Atitlan.
Fait notable, on trouve sur le menu du restaurant un plat qui trahit l’origine des proprios: une poutine ! Le résultat est tout à fait respectable. Bon, le fromage squeek pas pantoute, mais une poutine au Guatemala c’est quand même digne de mention.
Tout était parfait au Mikaso… sauf notre chambre! N’ayant plus de chambres pour deux, on a donc prix une chambre pour trois pour 350 quetzales. Sur le coup, ça ne nous semblait pas si cher, mais on payait quand même pour une chambre trop grande… En plus de ça, la chambre était située pratiquement dans le lobby, juste à côté d’un dortoir. Eh boy. Je peux vous dire, la #3 est à éviter absolument.
Las Cristalinas
8 Calle A, San Pedro La Laguna 07018
Après une nuit au Mikaso, on en avait bien assez. C’est finalement à l’autre bout de la ville complètement qu’on a trouvé notre petit paradis. L’hôtel Las Cristalinas se situe sur la rue touristique, mais au bout complètement en allant en direction de San Juan, dans la section de rue ou ça tombe tranquille…
Las Cristalinas est une petite entreprise familiale, tenue par des gens de la place. Le père habite sur les lieux et salue tout le monde au passage. On s’est retrouvé, là aussi, avec une chambre pour 3, mais on la payait seulement 175 quetzales. La moitié du prix de la chambre au Mikaso. Elle était deux fois plus grande, on avait un hamac à l’extérieur devant la porte, le déjeuner était inclus et en prime, une famille de joyeux labradors faisait office de comité d’accueil.
À ce prix là on s’attendait à un petit déjeuner bien simple, genre café et frijoles… mais non! Ils offrent un déjeuner à la carte. On me servait mes oeufs avec une bouteille de sriracha! My god! L’hôtel de rêve: Chambres clean, hamacs, bons déjeuners, 2 bébés labradors. Sérieux, qu’est-ce que tu veux de plus?
Ah oui, les levers de soleil sur le lac y sont absolument magnifiques…
Museo Tz’unun Ya’
7 Av, San Pedro La Laguna
Le Museo Tz’unun ‘Ya est un tout petit musée. Il se visite en 1h environ. Il aide à comprendre un peu mieux la culture Tzutujil ainsi que l’histoire géologique du lac Atitlan. Aucune file d’attende dans ce musée. Nous étions seuls avec une guide avec qui nous avons pu poser un paquet de questions sur les traditions mayas. L’entrée coute 35 quetzales. Si tu voyages sur un budget, tu voudras probablement passer ton tour. Mais si tu essayes vraiment de comprendre la culture tz’utujil et que tu disposes de quelques jours seulement, c’est un 35Q bien investis.
4:20 Reggae Bar
San Pedro la Laguna, Sololá 07018
Situé sur la rue touristique, en direction de San Juan, le 4:20 est un reggae bar typique. Trois ou quatre tables, du reggae et du rhum. Juan, le barman que tout le monde appelle Gordo devient ton ami dès que tu arrives. Les amateurs doivent absolument demander un verre de gifiti, le rhum épicé local. Un peu partout dans les Caraïbes, on trouve des petits «rhum shops» qui font leur propre rhum épicé. Les goûts changent selon les régions. La région côtière du Guatemala ne fait pas exception: ils ont leur gifiti, un rhum aromatisé avec des herbes et des écorces locales. Bien que le lac Atitlan soit loin de la côte Caraïbe, on retrouve une bonne cuvée de gifiti au 4:20.
Jakku
Le Jakku est un restaurant particulier. Situé dans un espèce d’abri de fortune, sous quelques feuilles de tôle, il est quelque part entre restaurant et bar. Les divans et la musique en font un endroit idéal pour aller relaxer en prenant un verre. Les assiettes qu’on y sert sont absolument énormes. Le choix d’alcool est limité, mais on ne trouve pas moins cher, c’est presque ridicule. Demandez de gouter leur quetzalteca à la rosa de jamaica (fleur d’hibiscus), c’est l’alcool local. Vous trouverez le Jakku dans le dédale de rues pas très loin du Mikaso.
Sublime Bar
Le Sublime est un incontournable du nightlife de San Pedro. Le soir, tu peux l’entendre de loin. Je te donne pas l’adresse. Vas-y au son. Heureusement les règlements municipaux font en sorte qu’ils doivent cesser le bruit à 23h. J’ai résisté autant que j’ai pu avant d’entrer. À chaque fois qu’on passait devant, Ariane me demandait si ça me tentait d’aller voir… Fuck non! Ça a vraiment juste l’air d’un bar de touristes. J’ai pas le gout de ça… jamais.
J’ai résisté jusqu’au dernier soir… Le verdict? C’est vraiment un bar de touriste, mais oh my god que j’ai eu du fun. Le bar est superbe avec une scène qui accueille des musiciens, et un feu de camp au bord de l’eau. On se retrouve inévitablement entre voyageurs à se raconter nos anecdotes les plus incroyables. On a ri à en avoir mal au ventre.
Le soir les bars ferment à tour de rôle. Vers 1h, en principe, le Sublime se vide et le party se déplace ailleurs… Mais étant donné que le bar tarde toujours à se vider, la police a l’habitude de débarquer vers 1h30… faque, souris pis essaie de marcher drette en sortant. Salud! 😉
La carte de nos meilleures adresses à San Pedro